Rosario

PRESENTATION

Rosario est équatorienne et a 42 ans, elle est mariée depuis 19 ans. Elle a six enfants. Elle vit dans la communauté de la Moya, rattachée à la paroisse de Calpi, dans le canton de Riobamba qui appartient à la province du Chimborazo. Ses grands-parents et ses parents sont originaires de ce village quichua. Rosario y est née et y a toujours habité. Environ 400 habitants et 45 familles y vivent.

 

SON HISTOIRE

Rosario a appris le travail agricole dès l’âge de 5 ans, en suivant ses parents dans les champs. Elle est allée à l’école jusqu’à ses 19 ans, elle a donc appris à lire et à écrire. Elle a ensuite étudié l’artisanat. Etant l’aînée, elle a du aider sa mère et n’est pas allée travailler en ville. Elle a donc toujours été agricultrice.

Sa mère et ses grands-mères étaient également agricultrices. Leur travail était plus dur car il était essentiellement manuel, notamment la cuisine. Aujourd’hui, elle peut compter sur les produits du supermarché et avoir quelques facilités grâce au four et au réfrigérateur qu’elle possède.

SON TRAVAIL D’AGRICULTRICE

Rosario se lève très tôt, vers 5h environ. Comme toutes les femmes du village, elle doit tout prendre en charge car les hommes vont travailler à la ville. Quant à elles, elles restent au village. Rosario cuisine le petit déjeuner, amène ses enfants à l’école, va chercher de l’eau, s’occupe du bétail, sème tantôt le quinoa, les pommes de terre, les fèves et le maïs. Elle rentre, tricote, cuisine, s’occupe de ses enfants, retourne chercher le bétail et se couche tôt, entre 19h et 20h.

Rosario élève des vaches, des cochons, des brebis, des lamas, des alpacas et des cochons d’inde. Elle destine ses produits à la consommation de la famille et en vend également à la ville de Riobamba. Elle travaille souvent seule, avec ses enfants, notamment le samedi, lorsqu’ils ne sont pas à l’école. Rosario est propriétaire des terres qu’ elle a héritées de ses parents.

Régulièrement, le président de la communauté réunit tout le village lors d’une minga : il s’agit alors d’aider à une tâche agricole commune, une abondante récolte par exemple. En effet, dans la sierra où les conditions climatiques sont rudes, l’esprit de solidarité et le rôle de la communauté sont prépondérants pour s’aider mutuellement et assurer la survie des différentes activités. Rosario parvient à gagner 400 à 500 dollars en vendant un veau (un par an en moyenne) ou 120 dollars pour un cochon qu’elle a élevé durant quatre à cinq mois.

SA CUISINE

Rosario cuisine beaucoup le maïs et c’est avec l’aide de ses filles qu’elle œuvre tous les jours pour préparer les repas. Sa mère lui a appris à cuisiner les recettes équatoriennes traditionnelles. Quant aux produits qu’elle n’a pas, elle peut se les procurer à Riobamba.

SON RESSENTI

Rosario aime beaucoup s’occuper des vaches. Quant à son moment préféré de la journée, c’est tôt le matin, avant que chaque membre de la famille ne parte de son côté.

Son travail lui semble difficile mais en tant que mère de famille, elle sait qu’elle n’a pas d’autre choix que de lutter et honorer ses devoirs.

Selon elle, la pluie qui condamne ses récoltes est un châtiment de Dieu et il faut composer avec ce qu’il a prévu pour elle. Cependant, elle aimerait que la communauté fonctionne de manière encore plus solidaire pour palier aux imprévus et aux intempéries. Rosario se souvient qu’une année quand sa vache est morte subitement et qu’ elle s’est retrouvée complètement démunie car ce sont des revenus importants pour elle. D’ailleurs, elle aimerait posséder plus de bétail mais c’est un investissement important qu’elle ne peut pas effectuer pour le moment.

Dans son village, ce sont les femmes qui travaillent essentiellement dans les champs car les hommes vont à Riobamba pour des travaux de manutention. Une grande partie d’entre elles voudraient se consacrer davantage à l’artisanat et surtout tricoter des gants, des bonnets et des écharpes afin de générer des revenus supplémentaires. Le tourisme communautaire se développe à la Moya et Rosario aimerait bien que cela lui permette de vivre plus confortablement.

FIERE MAIS QUELQUE PEU INQUIETE

La terre était meilleure il y a quelques années. Rosario constate avec dépit que les récoltes sont moins bonnes et qu’elle vend moins de produits qu’auparavant. Rosario est très fière de son travail car, avec les autres femmes de la communauté, elle sait qu’elles ont un rôle essentiel. Rosario n’a pas peur, si ce n’est de Dieu car c’est lui qui commande, dit-elle, en souriant. Selon la Bible, la fin du monde laissera faim et soif et cela lui fait un peu peur.

Rosario est heureuse de la vie qu’elle mène et surtout de pouvoir admirer la lumière qui se lève chaque jour que Dieu fait.

SES ASPIRATIONS

Elle aurait bien aimé être professeure si elle n’avait pas été agricultrice. Elle aimerait que ses enfants puissent étudier et obtenir un travail moins dur et moins pénible que celui d’agriculteur.

Rosario n’a jamais vu la mer, seulement les volcans qui l’entourent. Elle est allée jusqu’à Cuenca, dans le sud de l’Equateur, mais guère plus loin. Elle aimerait bien visiter la France pour voir à quoi ressemble un pays aussi lointain.

Son rêve : continuer à vivre ainsi, que ses enfants puissent étudier et développer le tourisme communautaire afin qu’elle puisse vieillir sereinement. Elle aimerait également une maison plus grande pour pouvoir être plus à l’aise avec sa famille.

Son regret : s’être mariée très jeune, avoir eu des enfants tôt et ne pas avoir pu finir ses études et obtenir une situation qui lui aurait permis de mieux gagner sa vie.

Pour elle, la terre est la « Pacha Mama », en quichua, une déesse-mère symbole de fertilité. Elle représente un don divin qui leur permet de survivre.

Il y a un message qu’elle aimerait transmettre : les femmes équatoriennes continueront à se lever le matin pour travailler la terre et lutter pour produire leur pain quotidien car elles sont courageuses et veulent subvenir, avec honneur, aux besoins de leurs familles.

C’est avec ses deux plus jeunes filles à ses côtés et en filant la laine qu’on la voit partir à quinze minutes de marche de la maison. Un châle bleu roi ou rose fuchsia sur les épaules, et surtout, son chapeau rond sur la tête qui représente le volcan du Chimborazo. C’est son tour aujourd’hui de dévier l’arrivée d’eau pour arroser les champs. Elles attendent patiemment toutes les trois, assises sur un lopin de terre. Rosario rattrape le tricot que sa fille a raté. Puis, elles ramènent les vaches qui ont brouté là tout l’après-midi et rentrent toutes les trois pour préparer le souper avant le retour de son mari et de ses aînés.


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