Le projet

« AU GOUT DU MONDE » EN QUELQUES MOTS :

FIDJIALITA106Dans certains pays, les femmes représentent 80% de la main d’oeuvre agricole. Pourtant elles sont rarement propriétaires, ont moins d’accès à l’éducation ou aux subventions et aux crédits. Si elles avaient plus de facilités et de reconnaissance elles seraient une force encore plus influente pour la production des richesses. Les agriculteurs représentent 11% de la population active mondiale alors que les agricultrices ne représentent que 8%. Combler cet écart entre les genres et donner de meilleures conditions de travail aux femmes représenteraient une solution à part entière pour nourrir la population des décennies à venir, réduire la famine et améliorer les conditions de vie des pays en développement. Mais qui sont donc ces travailleuses qui oeuvrent chaque jour dans l’ombre, exerçant un métier indispensable à la vie ?

Après un an de voyages à photographier quelques-unes de ces héroïnes anonymes, voici les portraits d’agricultrices rencontrées sur 4 continents et à travers une dizaine de pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique latine. Mes rencontres avec certaines de ces femmes courageuses, à la fois simples et bouleversantes, furent, pour moi, une aventure réellement passionnante et bouleversante. Une expérience faite de moments de vie, de rires et d’émotions, parfois d’inquiétudes mais surtout d’espoir.

POURQUOI CE PROJET ?

L’alimentation est un besoin vital qui a toujours suscité des stratégies, des migrations, des conflits ou des alliances mais aussi des inventions et des tendances propres à chaque époque. Mais l’alimentation est aussi le reflet indéniable d’un pays : son niveau de développement, son climat, sa géographie, sa population ou encore ses croyances et ses traditions. Les problématiques et les sujets qu’elle soulève sont innombrables, surtout aux prémisses d’un 21ème siècle où l’on parle agriculture biologique ou intensive, métissage culturel ou identité communautaire, commerce équitable ou mondialisation menaçante.

Mais alors qui sont ces femmes d’aujourd’hui qui représentent 43% de la main d’œuvre agricole des pays en développement, qui cultivent la terre et travaillent aussi dur que les hommes pour nourrir les êtres humains ?
En filmant et en photographiant les agricultrices dans le monde, « Au goût du monde » a voulu montrer le rôle capital de ces millions de femmes dont le travail est un véritable espoir pour l’avenir de la planète.

En effet, si les femmes agricultrices disposaient d’une parcelle de terrain ou de bétail, si elles avaient plus facilement accès au crédit et aux formations ou encore si elles bénéficiaient des mêmes intrants agricoles que les hommes, la situation serait complètement différente. Dans les pays en développement, elles pourraient ainsi augmenter de presque 30% leurs rendements, accroître la production agricole nationale de 2 à 4% et éventuellement réduire le nombre de gens souffrant de la famine d’environ 15%, soit sortir 100 à 150 millions de personnes de la pauvreté.

En mettant en exergue la transmission du travail de la terre et la transmission de la cuisine, -acte essentiellement féminin- le projet permet de dresser les portraits de ces travailleuses héroïques et de les découvrir dans leur quotidien. Raconter leur histoire en écoutant leur témoignage, leurs rêves, leurs doutes et leurs difficultés est le moyen de leur rendre hommage mais aussi de remplir un devoir de sensibilisation face à un sujet dont les enjeux nous concernent tous dans un avenir proche.

L’ACTUALITE DEPUIS MON RETOUR DE VOYAGE

  • A mon retour de voyage (en octobre 2015), j’ai suivi une formation en photographie aux Gobelins et souhaite maintenant me dédier à la photographie documentaire.
  • Lors de la Cop21 à Paris, dix de mes photographies (portraits des femmes agricultrices et paysages de leurs pays respectifs) ont été exposées au Grand Palais.
  • 10 de mes photographies prises durant le voyage et en lien avec l’alimentation sont exposées pour l’exposition permanente de l’Alimentarium (musée de l’alimentation à Vevey, Suisse).
  • Par ailleurs, une vingtaine de mes photographies prises en Birmanie est publiée dans le livre One Myanmar, les visages de la transition birmane, aux éditions MKF.
  • Mon projet « Terre de femmes » sur les agricultrices a reçu un « Coup de cœur » de l’ANI au festival 2016 Visa pour l’image de Perpignan et notamment pour les photographies de Seti, agricultrice au Népal qui ont été exposées pendant la durée du festival.

QUI SUIS-JE ?

Après quaphoto-portrait-ngapalitre ans à travailler pour la télévision française comme assistante caméra et cameraman, j’ai voulu mener à bien un projet personnel qui me tenait à cœur. Je suis donc partie un an en voyage pour réaliser un premier documentaire (photographique et vidéo) sur les femmes agricultrices dans quelques pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique Latine.

Durant ces douze mois
à pratiquer la photographie en voyage, j’ai découvert un exercice qui m’a passionnée. Il s’agit de raconter une histoire grâce à un moment capturé sur le vif, figer un geste, un mouvement ou un sourire, composer un plan avec un angle précis, un décor et des personnages afin de recréer un fragment d’une réalité éphémère. Initiée par mon père à l’heure de mes premiers appareils jetables, je crois qu’une photographie est tout autant un moyen d’expression artistique qu’un témoignage subtilisé à un instant précis grâce à un regard qui ne verra jamais la même chose qu’un autre. Empreinte de l’Histoire ou souvenir d’une simple histoire, une image fixe est un procédé, selon moi presque magique qui permet d’arrêter le temps une fraction de seconde. Qu’elle soit publicitaire, sociale, de guerre, de mode ou encore documentaire, la photographie contribue à la mémoire collective. En effet, elle reflète une époque, un peuple, des traditions, des évènements marquants ou encore des contrées lointaines et c’est à mon sens sa plus belle vocation. C’est celle qui m’a donné l’envie irrépressible de m’y essayer et à présent la volonté de m’y consacrer professionnellement.

Après deux séjours à l’étranger en Espagne et au Chili puis après de nombreux voyages essentiellement en Asie et en Amérique Latine, je souhaitais à présent mettre à profit l’expérience professionnelle acquise ces 5 dernières années pour mettre à l’honneur ces femmes de la terre dont le travail est primordial pour les ressources de la planète. Je me suis rendue compte que cela m’avait toujours intéressée lors de mes voyages précédents et que j’étais très admirative de ceux et celles qui contribuent à nourrir les êtres humains en cultivant la terre, parfois dans des conditions insoupçonnées. Mon esprit féministe m’a alors incitée à vouloir mettre sur le devant de la scène le travail de ces femmes qui représente une réelle solution pour l’avenir des ressources alimentaires. Et puis, après avoir regardé ma grand-mère et ma mère préparer des petites recettes ou des grands plats, après avoir songé à en faire ma profession, j’aimerais à présent défendre l’idée que l’alimentation, via l’agriculture et la cuisine permettent avant tout de transmettre et recevoir, innover ou préserver, offrir et partager, célébrer et apprendre.