PRESENTATION
Martha Rosario est équatorienne et a 63 ans. Elle est mariée depuis 45 ans à ? et elle a eu onze enfants dont neuf sont encore en vie. Elle a 25 petits-enfants et un arrière petit-fils. Elle habite le village de Pakaychikta, près du Rio Napo, en Amazonie. Le gouvernement lui a donné une nouvelle maison récemment construite car celle qu’elle habitait auparavant était située trop près du fleuve, en zone inondable et donc trop dangereuse. Cependant, elle retourne y travailler, tous les jours, dans les champs à proximité.
SON HISTOIRE
Martha Rosario est allée à l’école. Elle a étudié jusqu’au lycée mais n’est pas allée à l’université car elle s’est mariée à 19 ans et a eu sa première fille. Elle habite à présent avec son mari et sa plus jeune fille de 23 ans, handicapée mentale, ou « spéciale », comme elle dit, avec un sourire discret.
Elle a commencé à travailler très jeune avec sa mère. Elle a d’abord été enseignante mais est tombée malade et n’a pu continuer. Elle est ensuite devenue agricultrice tout en s’occupant de ses enfants et de la maison.
Sa mère et ses grands-mères étaient agricultrices et étaient également chercheuses d’or car il y en avait beaucoup près du fleuve. A l’époque du sucre (ancienne monnaie équatorienne), 5 grammes d’or rapportaient suffisamment. Maintenant le cours fluctue et l’on trouve moins d’or en raison des nombreux travaux réalisés dans la région. C’était un travail très difficile car il abîmait les mains et les ongles.
UNE JOURNEE DE TRAVAIL
Martha Rosario arrive très tôt à sa maison de bois sur pilotis. Elle va d’abord voir ses poulets et ses chiens et leur donne à manger. Elle prend son petit-déjeuner, fait un brin de ménage. Elle plante le manioc, récolte le cacao et les bananes plantains. Lorsqu’il fait beau, elle fait sécher les graines de cacao au soleil. Elle produit également du maïs, des haricots et des cacahuètes. Elle se rend au marché, deux fois par semaine, pour vendre sa production. Elle vend également à des intermédiaires qui lui achètent ses produits à des prix trop bas.
La seule aide, dont elle a disposée, provient du gouvernement pour ses plantations de cacao. En effet, l’Equateur a voulu augmenter sa production et Martha Rosario a ainsi été incitée à produire plus.
En moyenne, elle parvient à gagner 50$ par mois mais ce revenu est insuffisant pour vivre confortablement.
Etre agricultrice en Amazonie est très difficile car le climat est extrêmement humide et elle doit travailler dur. Elle est propriétaire des terres et travaille avec son mari et sa fille cadette. Son mari a récemment acheté une machine qui permet de nettoyer les champs et de les désherber. Ils gagnent ainsi un temps précieux.
Martha Rosario n’a que sa machette comme outil. Elle aurait besoin de plus d’équipements mais ne peut investir plus pour le moment.
SON RESSENTI
Martha Rosario préfère planter le manioc et les bananes. Le travail du café, qu’elle cultivait auparavant, ne lui plaisait guère car de grosses fourmis la piquaient souvent.
Le moment qu’elle préfère: la fin d’après-midi lorsqu’elle rentre chez elle et qu’elle peut se reposer en regardant un peu la télévision.
Elle pense qu’une femme agricultrice a beaucoup plus de travail: la maison et les enfants dont il fallait s’occuper lorsqu’ils étaient encore petits. Il fallait leur préparer le petit-déjeuner ou les allaiter, les habiller pour l’école et ensuite, partir travailler. A présent que ses enfants sont grands et ont quitté la maison, elle peut souffler un peu plus.
Maintenant qu’elle commence à vieillir, elle aimerait travailler moins mais elle n’a pas le choix, elle doit continuer à vendre ses produits.
Elle pense que le travail va être de plus en plus dur car le gouvernement baisse les prix des produits, rendant le métier de moins en moins rentable. Une livre de manioc se vend, par exemple, 25 centimes, une livre de petites bananes 1$ environ.
Elle estime qu’il faut beaucoup de patience, d’attention et de soins pour cultiver de bons produits, un peu comme on élève un enfant, compare-t-elle en riant.
En dehors du travail des champs, elle aime bien coudre et tricoter, surtout quand il pleut et qu’elle reste à l’abri, à l’étage, dans sa maison en bois.
LA CUISINE DE MARTHA ROSARIO
Avec ses produits, Martha Rosario cuisine la chicha –boisson à base de maïs-, la soupe ou les llapingachos avec le manioc –galettes avec des pommes de terre ou du manioc et du fromage-. Elle aime bien cuisiner le majado –bananes plantains cuites, écrasées en purée et assaisonnées- et les chifles – chips de bananes plantains-. Elle a appris par sa mère. Elle a enseigné la cuisine à ses enfants et avoue qu’ils cuisinent mieux qu’elle maintenant.
SES ASPIRATIONS
Martha Rosario est fière de son travail car il lui permet de se nourrir et de subvenir aux besoins de sa famille. Elle aurait aimé exercer un autre métier mais elle a dû s’occuper de ses enfants. Elle n’a pas de regrets car elle pense que le temps qu’elle a passé à leur prodiguer une bonne éducation et à leur transmettre ses valeurs, est le plus précieux héritage qu’elle va leur laisser. Ses filles et quelqu’uns de ses fils sont désormais diplômés.
Elle espère que ses petits-enfants pourront étudier et ainsi choisir leur métier.
Martha Rosario n’a vu la mer que dans les films et n’a visité que Quito, la capitale de son pays. Elle aimerait voyager à travers le monde mais n’en a jamais eu les moyens.
Ses rêves : avoir une vie plus confortable et pouvoir ainsi donner plus à ses enfants.
Martha Rosario n’a pas de regrets, pourquoi aurait-elle des regrets, cela ne sert à rien. Elle n’a pas peur non plus, elle avance près du fleuve, dans la forêt ou dans la vie, confiante de savoir Dieu à ses côtés.
Elle est heureuse de la vie qu’elle mène et ne changerait rien même si elle en avait le choix. Elle est déjà âgée et, selon elle, il est trop tard pour changer les choses.
Aujourd’hui il a beaucoup plu et le fleuve est très haut, elle part donc avec son mari, sa fille et les deux chiens, repérer un passage où ils pourront traverser pour aller vendre leurs produits demain matin à l’aube. Martha Rosario n’essaye pas de changer les choses certes, mais elle continue son dur labeur pour nourrir les siens et rester autonome dans une région d’Equateur difficile à vivre et en pleine mutation.