Rameswaram est situé à l’extrême pointe sud du Tamil Nadu, juste en face du Sri Lanka. C’est en fait un haut lieu de pèlerinage pour les hindouïstes qui viennent se recueillir en masse dans cette petite ville qu’on appelle le Varanasi du sud. Le temple de Ramanathaswamy voit en effet défiler tous les jours bon nombre de pèlerins qui reçoivent de l’eau sacrée provenant de 22 sources différentes. Ils font ainsi la queue, en famille souvent, attendant leur tour pour se faire asperger à chaque bain. Ils en ressortent souriants, trempés et pieds nus, ramenant tous un petit bidon de la précieuse eau sacrée. Les plus pratiquants viennent ici et vont à Varanasi achever leur pèlerinage, se mouillant cette fois dans les eaux du Gange. En sortant du temple, ils vont ici achever leurs ablutions dans la mer. Si les photos sont interdites dans le temple, ils sont ravis de poser pour un portrait n’importe où ailleurs et viennent même jusqu’à se mettre sous l’objectif, attendant que le photographe veuille bien garder en mémoire leur venue à Rameswaram. Dans les ruelles, les pieds nus côtoient les sabots de chèvres, d’ânes et de vaches alors que les rats et les écureuils se faufilent entre les pèlerins. Les mouches et les choucas quant à eux rodent autour des tas de détritus. Assis par terre en tailleur, imperturbables aux allers et venues quotidiennes, les nombreux Sâdhu font partie intégrante du lieu. Ce sont ceux qui, par pur hindouïsme, ont renoncé à toute possession matérielle, ont coupé les liens avec leur famille et recherchent la libération de l’illusion , l’arrêt du cycle des renaissances et la fusion avec la conscience cosmique. Ils sont vêtus de orange, n’ont ni toit ni revenus et se nourrissent des offrandes des dévots.
Le tout donne à Rameswaram une atmosphère solennelle mais joyeuse qui rend étrangement la ville hors du temps et de toute comparaison.