PRESENTATION

Mercedes est colombienne, a 52 ans et est mariée à Eduardo depuis 29 ans. Elle a trois fils dont un marié. Elle habite avec son mari et deux de ses fils.

Mercedes est née à Tibasosa, y habite et y mourra, précise-t-elle en souriant. C’est un petit ville de 13 000 habitants située dans la région de Boyacá. Ses parents et son mari sont aussi du village et elle sait qu’elle y vivra jusqu’à la fin de sa vie.

SON HISTOIRE

Mercedes a été à l’école mais a dû arrêter à 10 ans car elle avait beaucoup de frères et sœurs et ses parents ne pouvaient pas subvenir aux frais de scolarité.

Très jeune, elle était déjà dans les champs avec ses parents. A 15 ans, elle a travaillé à Bogota, quelque temps, dans une boulangerie. Mais la vie en ville ne lui plaisait guère alors elle est revenue à Tibasosa et a commencé le métier d’agricultrice.

Mercedes a appris son travail grâce à une association, il y a plus de vingt ans. Le programme, d’abord dédié à l’alimentation des enfants, s’est ensuite développé pour former les villageois intéressés par l’agriculture.

Sa mère et ses grands-mères étaient agricultrices et cultivaient essentiellement des pommes de terre et du maïs. Leur travail était difficile car elles perdaient une grande quantité de leurs récoltes, ne disposaient pas de compost ou d’engrais.

UN DEBUT ANECDOTIQUE

Mercedes se souvient d’une anecdote marquante : au tout début, elle cultivait des brocolis et des choux fleurs avec une amie agricultrice. Une fois utilisés les légumes destinés à la consommation familiale, il restait une certaine quantité qu’on leur a proposée de vendre au village. La formatrice, qui leur avait procurées les graines, les a incitées à produire plus. Comme Mercedes et son amie avaient suffisamment de légumes pour nourrir leurs familles, elles ont semé et planté davantage pour vendre. Leur commerce était né ainsi que le petit magasin dans le village pour entreposer la production mise à la vente. Mercedes trouve cela amusant car « leur affaire » a démarré à très petite échelle.

SON TRAVAIL DANS LES CHAMPS

Mercedes se réveille à 5h, prépare le petit déjeuner, le tinto (café colombien très léger et sucré), puis va traire les vaches. Elle prépare également le déjeuner pour son mari et ses fils qui partent pour leur journée. Son mari travaille comme ouvrier agricole dans différentes fermes.

Elle s’occupe ensuite des lapins, des cochons d’inde et de ses légumes. Elle se couche vers 20h car les journées de travail sont longues et fatigantes.

Il y a quelques années, les plantations étaient essentiellement du maïs, des haricots et des pommes de terre. A présent, Mercedes cultive de nombreux légumes : des épinards, des choux fleurs, des brocolis, des blettes, des betteraves, des radis, des laitues, des oignons-poireaux et des fleurs qu’elle vend également au marché, deux fois par semaine. Elle dispose d’un point de vente à Tibasosa les jeudis et les dimanches. Les particuliers mais aussi les restaurants viennent lui acheter ses légumes. Elle parvient à gagner entre 100 000 et 150 000 pesos (entre 28 et 43€) lorsqu’elle vend ses légumes dans le village.

Eduardo, son mari, est propriétaire des champs. Elle assure en souriant que ce sont plus ses terres car c’est elle qui cultive le potager et les fleurs.

Elle travaille seule et avec pour seuls outils: des gants, une pelle et une machette. Elle organise son emploi du temps comme elle le souhaite. Cependant il est dicté par les jours de vente. La veille, les mercredis et les samedis, elle récolte, coupe, lave et prépare les légumes. Elle est aussi investie dans plusieurs formations dispensées par la municipalité pour apprendre de nouvelles techniques agricoles.

SON RESSENTI

Mercedes aime toutes les tâches : planter les fleurs, nourrir les animaux ou encore récolter les légumes. Ce qu’elle aime le moins, c’est laver les grands réservoirs d’eau qui pèsent très lourds.

Son moment préféré : la fin de l’après-midi quand son mari et ses fils rentrent à la maison et qu’ils peuvent partager le dîner.

Etre une femme ne change pas vraiment le travail des champs car même si elle a un peu moins de force physique, elle sait très bien prendre soin des terres et en voit les résultats chaque jour.

Selon Mercedes, les qualités nécessaires sont le courage, la foi, la santé et l’énergie pour effectuer toutes les tâches agricoles. Mercedes aimerait disposer d’une petite serre pour expérimenter de nouveaux plants.

Elle aime travailler la laine, tricoter ou faire du crochet lorsqu’elle a du temps libre.

L’ENTRAIDE DANS LE VILLAGE

Mercedes perçoit une aide municipale, une fois par an, en tant qu’agricultrice mais cette aide est négligeable et ne lui permet pas d’investir.

Elle fait partie d’Agrosolidaria, une ONG nationale, qui aide à se procurer les graines et dispense les formations. Mercedes est très assidue et se rend à toutes les réunions.

Ses conditions de travail pourraient être améliorées si elle et les agricultrices du village pouvaient être regroupées dans une entité fédératrice qui leur permettrait d’unir leurs compétences et de s’entraider.

En ce qui concerne l’eau, par exemple, celle-ci provient du haut des montagnes. Mercedes a de la chance car elle a une source dans sa ferme. En été, il arrive qu’il en manque, il faut donc l’économiser. Mercedes est la représentante des réserves d’eau car cette dernière est redistribuée depuis sa ferme vers les chemins et exploitations aux alentours. La solidarité et le partage sont essentiels dans ces zones rurales de Colombie.

Mercedes participe à plusieurs réunions d’agricultrices où elle aime partager son savoir. La terre est vitale pour elle car elle génère les graines, les semences et son activité principale.

LA CUISINE DE MERCEDES

Mercedes aime cuisiner, par exemple: du chou-fleur pané ou une omelette avec des épinards frais. Elle cuisine au bois et au charbon. Sa mère cuisinait également au charbon et elle considère cet enseignement comme un héritage culinaire.

Elle a appris à ses fils à cuisiner mais elle précise que c’est toujours elle qui prépare les repas à la maison.

Une recette qu’elle perpétue de génération en génération : les fameuses arepas colombiennes : des galettes de maïs cuites au four.

SES ASPIRATIONS

Quant au futur, elle aimerait que la ferme se développe encore un peu plus et qu’elle puisse continuer à tout mener à bien. Mercedes est très fière de son travail. De temps en temps, elle pense à la vie en ville mais, selon elle, il faut beaucoup d’argent pour y habiter. A la campagne, il est plus facile de s’en sortir avec de faibles revenus. Elle aurait bien aimé avoir sa propre boulangerie.

Ses fils travaillent, sauf un qui étudie. Aucun d’entre eux ne veut s’éloigner des champs. Dario, celui qui termine ses études, aimerait être administrateur de projets et ainsi développer la ferme.

Mercedes n’a jamais vu la mer et n’a visité que la Colombie. Elle aimerait bien venir en France pour voir à quoi ressemble un pays aussi lointain.

Elle espère pouvoir continuer à travailler ainsi encore longtemps, en étant en bonne santé et en pouvant profiter de ses fils. Sa plus grande peur: une maladie qui l’ empêcherait de travailler.

Mercedes a bien un regret : ne pas avoir passé assez de temps auprès de sa mère, avant son décès. Prendre soin de ceux qui lui sont chers est très important pour elle.

Mercedes est heureuse de la vie qu’elle mène, elle connaît tout le monde dans le village, elle peut vivre de son travail et elle en est très fière.

Elle aimerait transmettre un message : inciter les femmes à venir à la campagne et développer une activité agricole car c’est une moyen honorable de gagner sa vie.






Superficie : 1 142 000 km²

Nombre d’habitants : 48,32 millions (2013)

PIB par habitant : 7 831,22 USD (2013)COLOMBIE CARTE

Nature de l’état : république à régime présidentiel

Capitale : Bogota

Langue : l’Espagnol

Espérance de vie : 74 ans (2012)

Monnaie : le peso colombien

L’agriculture en Colombie

Bien que le secteur agricole soit devenu ces dernières années très productif, notamment grâce a l’ouverture aux investissements étrangers ayant apporté la modernisation et machineries, il ne joue plus un rôle prépondérant dans l’économie nationale. L’agriculture dont l’élevage comprend 20 % représente seulement 8,5 % du PIB.

Le climat de la Colombie permet une grande variété de cultures, selon l’altitude. Jusqu’à 1 000 mètres, on cultive essentiellement la banane, le coton, le sésame, le soja, le riz, le manioc, le cacao, le tabac, la noix de coco, la canne à sucre, le maïs, la mangue ou encore le citron.

Entre 1 000 et 2 000 mètres les cultures principales sont le café, la banane plantain, la canne à sucre, le haricot, le coton, l’orange et la papaye.

Entre 2 000 et 3 000 mètres se cultivent entre autres du blé, de l’orge, du seigle, de l’avoine, du maïs, de la betterave, des carottes, du chou, de l’ail, de la laitue, de la pomme de terre, des prunes, des pêches ou encore des mûres. Dans les paramos, situés entre 3 000 et 4 500 mètres, on trouve de la pomme de terre et d’autres légumes.

L’alimentation en Colombie

La cuisine colombienne varie beaucoup selon les régions du pays. Les principales spécialités sont l’ajiaco –une soupe de poulet avec des pommes de terre, du maïs et des câpres-, les arepas –galttes de farine de maïs qui font office de pain- ou encore la bandeja paisa –plat de viande servi avec du riz, du manioc, des haricots rouges et des bananes plantains frites-.

Sur la côte, on trouve beaucoup de fruits de mer et de poisson frais.

En ce qui concerne les desserts, on trouve surtout des gâteaux à base d’arequipe –caramel obtenu à base de lait concentré- ou de nombreux fruits exotiques.


PRESENTATION

Martha Rosario est équatorienne et a 63 ans. Elle est mariée depuis 45 ans à ? et elle a eu onze enfants dont neuf sont encore en vie. Elle a 25 petits-enfants et un arrière petit-fils. Elle habite le village de Pakaychikta, près du Rio Napo, en Amazonie. Le gouvernement lui a donné une nouvelle maison récemment construite car celle qu’elle habitait auparavant était située trop près du fleuve, en zone inondable et donc trop dangereuse. Cependant, elle retourne y travailler, tous les jours, dans les champs à proximité.

SON HISTOIRE

Martha Rosario est allée à l’école. Elle a étudié jusqu’au lycée mais n’est pas allée à l’université car elle s’est mariée à 19 ans et a eu sa première fille. Elle habite à présent avec son mari et sa plus jeune fille de 23 ans, handicapée mentale, ou « spéciale », comme elle dit, avec un sourire discret.

Elle a commencé à travailler très jeune avec sa mère. Elle a d’abord été enseignante mais est tombée malade et n’a pu continuer. Elle est ensuite devenue agricultrice tout en s’occupant de ses enfants et de la maison.

Sa mère et ses grands-mères étaient agricultrices et étaient également chercheuses d’or car il y en avait beaucoup près du fleuve. A l’époque du sucre (ancienne monnaie équatorienne), 5 grammes d’or rapportaient suffisamment. Maintenant le cours fluctue et l’on trouve moins d’or en raison des nombreux travaux réalisés dans la région. C’était un travail très difficile car il abîmait les mains et les ongles.

UNE JOURNEE DE TRAVAIL

Martha Rosario arrive très tôt à sa maison de bois sur pilotis. Elle va d’abord voir ses poulets et ses chiens et leur donne à manger. Elle prend son petit-déjeuner, fait un brin de ménage. Elle plante le manioc, récolte le cacao et les bananes plantains. Lorsqu’il fait beau, elle fait sécher les graines de cacao au soleil. Elle produit également du maïs, des haricots et des cacahuètes. Elle se rend au marché, deux fois par semaine, pour vendre sa production. Elle vend également à des intermédiaires qui lui achètent ses produits à des prix trop bas.

La seule aide, dont elle a disposée, provient du gouvernement pour ses plantations de cacao. En effet, l’Equateur a voulu augmenter sa production et Martha Rosario a ainsi été incitée à produire plus.

En moyenne, elle parvient à gagner 50$ par mois mais ce revenu est insuffisant pour vivre confortablement.

Etre agricultrice en Amazonie est très difficile car le climat est extrêmement humide et elle doit travailler dur. Elle est propriétaire des terres et travaille avec son mari et sa fille cadette. Son mari a récemment acheté une machine qui permet de nettoyer les champs et de les désherber. Ils gagnent ainsi un temps précieux.

Martha Rosario n’a que sa machette comme outil. Elle aurait besoin de plus d’équipements mais ne peut investir plus pour le moment.

SON RESSENTI

Martha Rosario préfère planter le manioc et les bananes. Le travail du café, qu’elle cultivait auparavant, ne lui plaisait guère car de grosses fourmis la piquaient souvent.

Le moment qu’elle préfère: la fin d’après-midi lorsqu’elle rentre chez elle et qu’elle peut se reposer en regardant un peu la télévision.

Elle pense qu’une femme agricultrice a beaucoup plus de travail: la maison et les enfants dont il fallait s’occuper lorsqu’ils étaient encore petits. Il fallait leur préparer le petit-déjeuner ou les allaiter, les habiller pour l’école et ensuite, partir travailler. A présent que ses enfants sont grands et ont quitté la maison, elle peut souffler un peu plus.

Maintenant qu’elle commence à vieillir, elle aimerait travailler moins mais elle n’a pas le choix, elle doit continuer à vendre ses produits.

Elle pense que le travail va être de plus en plus dur car le gouvernement baisse les prix des produits, rendant le métier de moins en moins rentable. Une livre de manioc se vend, par exemple, 25 centimes, une livre de petites bananes 1$ environ.

Elle estime qu’il faut beaucoup de patience, d’attention et de soins pour cultiver de bons produits, un peu comme on élève un enfant, compare-t-elle en riant.

En dehors du travail des champs, elle aime bien coudre et tricoter, surtout quand il pleut et qu’elle reste à l’abri, à l’étage, dans sa maison en bois.

LA CUISINE DE MARTHA ROSARIO

Avec ses produits, Martha Rosario cuisine la chicha –boisson à base de maïs-, la soupe ou les llapingachos avec le manioc –galettes avec des pommes de terre ou du manioc et du fromage-. Elle aime bien cuisiner le majado –bananes plantains cuites, écrasées en purée et assaisonnées- et les chifles – chips de bananes plantains-. Elle a appris par sa mère. Elle a enseigné la cuisine à ses enfants et avoue qu’ils cuisinent mieux qu’elle maintenant.

 SES ASPIRATIONS

Martha Rosario est fière de son travail car il lui permet de se nourrir et de subvenir aux besoins de sa famille. Elle aurait aimé exercer un autre métier mais elle a dû s’occuper de ses enfants. Elle n’a pas de regrets car elle pense que le temps qu’elle a passé à leur prodiguer une bonne éducation et à leur transmettre ses valeurs, est le plus précieux héritage qu’elle va leur laisser. Ses filles et quelqu’uns de ses fils sont désormais diplômés.

Elle espère que ses petits-enfants pourront étudier et ainsi choisir leur métier.

Martha Rosario n’a vu la mer que dans les films et n’a visité que Quito, la capitale de son pays. Elle aimerait voyager à travers le monde mais n’en a jamais eu les moyens.

Ses rêves : avoir une vie plus confortable et pouvoir ainsi donner plus à ses enfants.

Martha Rosario n’a pas de regrets, pourquoi aurait-elle des regrets, cela ne sert à rien. Elle n’a pas peur non plus, elle avance près du fleuve, dans la forêt ou dans la vie, confiante de savoir Dieu à ses côtés.

Elle est heureuse de la vie qu’elle mène et ne changerait rien même si elle en avait le choix. Elle est déjà âgée et, selon elle, il est trop tard pour changer les choses.

Aujourd’hui il a beaucoup plu et le fleuve est très haut, elle part donc avec son mari, sa fille et les deux chiens, repérer un passage où ils pourront traverser pour aller vendre leurs produits demain matin à l’aube. Martha Rosario n’essaye pas de changer les choses certes, mais elle continue son dur labeur pour nourrir les siens et rester autonome dans une région d’Equateur difficile à vivre et en pleine mutation.


PRESENTATION

Rosario est équatorienne et a 42 ans, elle est mariée depuis 19 ans. Elle a six enfants. Elle vit dans la communauté de la Moya, rattachée à la paroisse de Calpi, dans le canton de Riobamba qui appartient à la province du Chimborazo. Ses grands-parents et ses parents sont originaires de ce village quichua. Rosario y est née et y a toujours habité. Environ 400 habitants et 45 familles y vivent.

 

SON HISTOIRE

Rosario a appris le travail agricole dès l’âge de 5 ans, en suivant ses parents dans les champs. Elle est allée à l’école jusqu’à ses 19 ans, elle a donc appris à lire et à écrire. Elle a ensuite étudié l’artisanat. Etant l’aînée, elle a du aider sa mère et n’est pas allée travailler en ville. Elle a donc toujours été agricultrice.

Sa mère et ses grands-mères étaient également agricultrices. Leur travail était plus dur car il était essentiellement manuel, notamment la cuisine. Aujourd’hui, elle peut compter sur les produits du supermarché et avoir quelques facilités grâce au four et au réfrigérateur qu’elle possède.

SON TRAVAIL D’AGRICULTRICE

Rosario se lève très tôt, vers 5h environ. Comme toutes les femmes du village, elle doit tout prendre en charge car les hommes vont travailler à la ville. Quant à elles, elles restent au village. Rosario cuisine le petit déjeuner, amène ses enfants à l’école, va chercher de l’eau, s’occupe du bétail, sème tantôt le quinoa, les pommes de terre, les fèves et le maïs. Elle rentre, tricote, cuisine, s’occupe de ses enfants, retourne chercher le bétail et se couche tôt, entre 19h et 20h.

Rosario élève des vaches, des cochons, des brebis, des lamas, des alpacas et des cochons d’inde. Elle destine ses produits à la consommation de la famille et en vend également à la ville de Riobamba. Elle travaille souvent seule, avec ses enfants, notamment le samedi, lorsqu’ils ne sont pas à l’école. Rosario est propriétaire des terres qu’ elle a héritées de ses parents.

Régulièrement, le président de la communauté réunit tout le village lors d’une minga : il s’agit alors d’aider à une tâche agricole commune, une abondante récolte par exemple. En effet, dans la sierra où les conditions climatiques sont rudes, l’esprit de solidarité et le rôle de la communauté sont prépondérants pour s’aider mutuellement et assurer la survie des différentes activités. Rosario parvient à gagner 400 à 500 dollars en vendant un veau (un par an en moyenne) ou 120 dollars pour un cochon qu’elle a élevé durant quatre à cinq mois.

SA CUISINE

Rosario cuisine beaucoup le maïs et c’est avec l’aide de ses filles qu’elle œuvre tous les jours pour préparer les repas. Sa mère lui a appris à cuisiner les recettes équatoriennes traditionnelles. Quant aux produits qu’elle n’a pas, elle peut se les procurer à Riobamba.

SON RESSENTI

Rosario aime beaucoup s’occuper des vaches. Quant à son moment préféré de la journée, c’est tôt le matin, avant que chaque membre de la famille ne parte de son côté.

Son travail lui semble difficile mais en tant que mère de famille, elle sait qu’elle n’a pas d’autre choix que de lutter et honorer ses devoirs.

Selon elle, la pluie qui condamne ses récoltes est un châtiment de Dieu et il faut composer avec ce qu’il a prévu pour elle. Cependant, elle aimerait que la communauté fonctionne de manière encore plus solidaire pour palier aux imprévus et aux intempéries. Rosario se souvient qu’une année quand sa vache est morte subitement et qu’ elle s’est retrouvée complètement démunie car ce sont des revenus importants pour elle. D’ailleurs, elle aimerait posséder plus de bétail mais c’est un investissement important qu’elle ne peut pas effectuer pour le moment.

Dans son village, ce sont les femmes qui travaillent essentiellement dans les champs car les hommes vont à Riobamba pour des travaux de manutention. Une grande partie d’entre elles voudraient se consacrer davantage à l’artisanat et surtout tricoter des gants, des bonnets et des écharpes afin de générer des revenus supplémentaires. Le tourisme communautaire se développe à la Moya et Rosario aimerait bien que cela lui permette de vivre plus confortablement.

FIERE MAIS QUELQUE PEU INQUIETE

La terre était meilleure il y a quelques années. Rosario constate avec dépit que les récoltes sont moins bonnes et qu’elle vend moins de produits qu’auparavant. Rosario est très fière de son travail car, avec les autres femmes de la communauté, elle sait qu’elles ont un rôle essentiel. Rosario n’a pas peur, si ce n’est de Dieu car c’est lui qui commande, dit-elle, en souriant. Selon la Bible, la fin du monde laissera faim et soif et cela lui fait un peu peur.

Rosario est heureuse de la vie qu’elle mène et surtout de pouvoir admirer la lumière qui se lève chaque jour que Dieu fait.

SES ASPIRATIONS

Elle aurait bien aimé être professeure si elle n’avait pas été agricultrice. Elle aimerait que ses enfants puissent étudier et obtenir un travail moins dur et moins pénible que celui d’agriculteur.

Rosario n’a jamais vu la mer, seulement les volcans qui l’entourent. Elle est allée jusqu’à Cuenca, dans le sud de l’Equateur, mais guère plus loin. Elle aimerait bien visiter la France pour voir à quoi ressemble un pays aussi lointain.

Son rêve : continuer à vivre ainsi, que ses enfants puissent étudier et développer le tourisme communautaire afin qu’elle puisse vieillir sereinement. Elle aimerait également une maison plus grande pour pouvoir être plus à l’aise avec sa famille.

Son regret : s’être mariée très jeune, avoir eu des enfants tôt et ne pas avoir pu finir ses études et obtenir une situation qui lui aurait permis de mieux gagner sa vie.

Pour elle, la terre est la « Pacha Mama », en quichua, une déesse-mère symbole de fertilité. Elle représente un don divin qui leur permet de survivre.

Il y a un message qu’elle aimerait transmettre : les femmes équatoriennes continueront à se lever le matin pour travailler la terre et lutter pour produire leur pain quotidien car elles sont courageuses et veulent subvenir, avec honneur, aux besoins de leurs familles.

C’est avec ses deux plus jeunes filles à ses côtés et en filant la laine qu’on la voit partir à quinze minutes de marche de la maison. Un châle bleu roi ou rose fuchsia sur les épaules, et surtout, son chapeau rond sur la tête qui représente le volcan du Chimborazo. C’est son tour aujourd’hui de dévier l’arrivée d’eau pour arroser les champs. Elles attendent patiemment toutes les trois, assises sur un lopin de terre. Rosario rattrape le tricot que sa fille a raté. Puis, elles ramènent les vaches qui ont brouté là tout l’après-midi et rentrent toutes les trois pour préparer le souper avant le retour de son mari et de ses aînés.


 

INGREDIENTS (pour 6 personnes) :

2 cochons d’Inde

18 petites pommes de terre

100 grammes de cacahuètes

1 litre de lait

2 oignons rouges et 2 oignons blancs

6 tomates

3 citrons

Cumin

Sel

Poivre

RECETTE

Les cochons d’Inde

Les peler en les ébouillantant. Les entailler et les éviscérer. Bien les laver. Les assaisonner avec du sel, du poivre, de l’ail, de la coriandre et des oignons crus (le tout hâché menu).

Les faire cuire à la broche pendant 1 heure sans cesser de tourner. Une fois qu’ils sont bien rôtis, les découper en morceaux pour les servir.

 

Les pommes de terre 

Les éplucher et les faire cuire avec les oignons blancs

Pour la sauce : faire griller les cacahuètes à la poêle puis les mixer avec le lait.

Faire revenir le tout pendant 20mn à la poêle avec les oignons rouges.

Servir le tout bien chaud.


PRESENTATION

Martha Cecilia a 32 ans, elle est mariée à Luis Manuel depuis douze ans et a un garçon, Ismaël, et une fille, Adalia. Depuis sa naissance, elle habite le village de Calancha, en Equateur, dans la province du Chimborazo. Elle a habité sur la côte, pendant trois ans, pour suivre son mari. Elle vit actuellement avec sa famille, dans une petite maison, le long de la route qui mène à Riobamba. Ils sont propriétaires de leurs terres.

 

SON HISTOIRE

Martha Cécilia a commencé à travailler dès l’âge de six ans, avec ses grands-mères. Ses grands-mères et sa mère étaient également agricultrices. Elles lui ont transmis les savoirs du travail agricole. Sa grand-mère lui a appris le travail des champs alors que sa mère lui a appris la gestion d’un commerce. Du temps de sa grand-mère, toutes les tâches se faisaient à la main. Il fallait se lever à 2 ou 3h du matin pour travailler la terre. Maintenant les machines soulagent le travail. Il faut cependant que les terrains soient accessibles car certains sont en altitude ou en pente.

Martha Cecilia n’a pas toujours été agricultrice. Elle a aussi vendu des fruits à Guyaquil. Elle est allée à l’école, sait lire et écrire. Elle souhaite devenir infirmière et poursuivre le travail des champs comme complément, en espérant pouvoir concilier les deux. Le travail de la terre la rend autonome, elle peut ainsi nourrir sa famille. Cette activité la détend également.

SON TRAVAIL DANS LES CHAMPS

Elle se lève très tôt, vers 5h, et prépare le petit déjeuner pour toute la famille. Elle va ensuite s’occuper des cochons et cochons d’inde, traire et nourrir les vaches, récolter, en saison, les produits des champs. Ses outils sont peu nombreux : une pelle, un râteau et une machette.

Elle cultive l’orge, le quinoa, le blé, l’avoine, le maïs, les fèves, les pommes de terre, le seigle et encore le millet. Ils sont destinés à nourrir la famille et surtout à être vendus aux marchés voisins de Riobamba ou de Guamote. Les ventes ne sont pas très avantageuses en ce moment car les prix des produits ont beaucoup baissé et les bénéfices sont insuffisants pour vivre convenablement.

Elle travaille seule et également avec la famille qui vit dans le village. Dans les communautés quichuas, lorsqu’il y a un gros travail agricole à effectuer, tous les membres viennent apporter leur aide, pour les récoltes notamment. Ce sont les Mingas et chacun y participe de bon cœur.

L’AIDE PRECIEUSE D’UN MICROCREDIT

Grâce au microcrédit qu’elle a obtenu, par deux fois, de Babyloan, elle a pu construire la porcherie et acheter plus d’animaux. Le second crédit lui a permis d’acheter son terrain, construire sa maison et installer quelques meubles. Les revenus de Martha Cecilia ne sont pas fixes: il y a la vente du lait, des céréales et quand il lui faut vraiment une rentrée d’argent, elle vend un cochon ou des cochons d’inde. En moyenne, elle gagne 100 dollars par mois.

Ses conditions de travail pourraient être améliorées si elle avait plus d’argent pour investir: plus d’animaux, par exemple, ou des outils plus efficaces.

De plus, sa production serait bien meilleure si elle recevait des formations. Elle n’a pas eu d’autre apprentissage que celui dispensé par sa grand-mère. Quand un animal est malade, elle doit attendre que le vétérinaire soit disponible ou vienne dans le village. Si elle pouvait suivre des cours, elle serait plus autonome et sa situation en serait beaucoup plus confortable.

ANECDOTES DES CHAMPS

Une année, elle a dû planter trois fois le quinoa. Il pleuvait constamment et la terre n’avait rien donné. Elle pleurait amèrement car elle avait perdu toutes ses semences.

Une autre année, lors d’un orage, le toit s’est écroulé et a tué tous les cochons qui vivaient en-dessous. Quelques temps après, une truie a mis bas mais dans la nuit qui a suivi, elle a tué et mangé tous les porcelets. A cause de la perte énorme que cela a représentée, Martha Cecilia dort toujours auprès d’une truie qui vient de mettre bas, pendant la première nuit qui suit.

 

LE QUINOA

Pour cultiver le quinoa, il faut bien préparer la terre, mettre du compost et puis semer les graines. Les premières feuilles sortent quelques temps après. Deux ou trois mois après, il faut remuer la terre à nouveau pour que le quinoa ne s’ouvre pas et que la plante continue à croître. Le cycle complet prend neuf mois et la récolte a lieu en août. On peut en mettre dans la soupe, faire des gâteaux et même de la marmelade.

 

SES PREFERENCES

Ce que Martha Cecilia préfère: produire des céréales dans ses champs et s’occuper des animaux. Il lui est arrivé d’avoir beaucoup de cochons et de les garder jusqu’à ce qu’ils deviennent très gros.

Actuellement, elle a dix cochons et un peu plus de vingt cochons d’Inde, deux poules avec huit poussins, une vache avec son veau et quelques lapins.

Son moment favori, c’est l’après-midi lorsqu’ Ismaël, son fils, rentre de l’école et qu’elle passe du temps avec ses deux enfants réunis.

Martha Cecilia ne trouve pas que son travail soit difficile et ne voit pas de différence entre un agriculteur et une agricultrice. Elle est capable d’effectuer seule, toutes les tâches agricoles.

En dehors de son travail, elle étudie beaucoup pour obtenir son diplôme d’infirmière.

Lorsqu’elle n’est pas dans les champs, elle aime également aller à la messe, chanter et transmettre la parole de Dieu. Chaque dimanche, les femmes de la communauté décident de la couleur du châle qu’elles porteront pour l’office de la semaine suivante. Elles arrivent ainsi toutes en bleu, en pourpre ou en vert et entonnent, en quechua, les chants religieux.

LA CUISINE DE MARTHA CECILIA

Avec les produits qu’elle cultive, elle prépare une délicieuse soupe de quinoa ou la horchata (boisson sucrée à base de céréales). A la maison, c’est principalement elle qui cuisine. Sa grand-mère lui a surtout appris à cuisiner car sa mère était absente. Cette dernière travaillait sur la côte avec son père et ne rentrait qu’un ou deux jours par mois. Martha Cecilia est restée avec ses frères dans le village.

Elle aime préparer la colada morada (boisson faite de farine de maïs noir et de fruits) qui se mange avec des tortillas.

Au moment de Pâques, elle prépare la fanesca (soupe traditionnelle) pour le dimanche des Rameaux: un mélange de tous les produits cultivés : quinoa, maïs, potiron, petits pois, millet, pommes de terre et poisson. Elle cuisine également des tamales (papillotes cuites à la vapeur dans des feuilles de maïs).

Les produits qu’elle ne cultive pas, elle est les achète au supermarché de Riobamba.

SES ASPIRATIONS

Martha Cecilia est très fière de son travail et de pouvoir nourrir sa famille. Cependant, en Equateur, elle trouve que le travail de la terre n’est pas assez valorisé.

Elle aimerait que ses enfants deviennent des acteurs importants de la vie de la communauté, aussi bien pour le travail agricole que pour répandre la parole de Dieu. Elle aurait le sentiment d’avoir réussi leur éducation s’ils avaient de bonnes valeurs et s’en servaient pour aider les autres.

Elle serait heureuse s’ils se consacraient à l’agriculture et même s’ils sont encore petits, elle leur apprend déjà les gestes et la connaissance de la nature.

Martha Cecilia connaît uniquement son village et une partie de la côte. Elle aimerait bien visiter les Galápagos mais elle n’a pas assez d’économies pour voyager.

Elle souhaiterait pouvoir vendre directement ses produits au consommateur. Car elle doit travailler avec des intermédiaires, ce qui réduit ses bénéfices.

Elle espère que sa famille restera toujours unie, dans les bons et les mauvais moments. Elle n’a pas peur de l’avenir, elle est confiante et accepte ce que Dieu lui réserve.

La terre représente la vie et elle la respecte beaucoup. Elle aimerait que chacun en prenne soin et prenne conscience qu’elle est vitale pour la survie des générations futures.

Martha Cecilia est heureuse de la vie qu’elle mène, elle ne veut rien changer.

Après une pause dans les champs de quinoa pour admirer les montagnes et les coteaux cultivés, elle repart à pied. Elle porte Adalia, sa fille de deux ans, sur son dos, dans un grand châle. Il lui reste à couper l’herbe pour les cochons d’inde avant de rentrer préparer le dîner. Elle chante une berceuse en quechua pour endormir sa fille et salue en passant une voisine de la communauté, le sourire aux lèvres.